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« Le soin du détail, on le retrouve dans le travail d’Hélène Bleys, même si, chez elle, la maîtrise de la céramique se construit de manière empirique. On y trouve une grande précision apportée à la ligne, sa finesse et sa délicatesse. Se déploie en effet dans ses céramiques tout le langage du trait qui se manifeste dans ses encres de chine sur papier. On pourrait même dire qu’il s’agit pour elle de transcrire en volume ses dessins. Car c’est bien sa pratique du dessin qui influence celle de l’argile. Elle y perpétue les champs thématiques qui l’inspirent, le corps, animal, végétal, humain qu’elle syncrétise dans un tout intrigant et étrange mais à la fois joyeux et mutin comme pour mieux s’affranchir de ce que l’on pourrait prendre pour une obsession déroutante.»

Vincent Verlé, Extrait du catalogue de l’exposition «Artefacts»,Dorossy Salon, Séoul

« Comme pour déjouer le rythme effréné d’une modernité à la mécanique trop huilée, Hélène Bleys

s’inscrit comme une digne héritière du cinéma burlesque. De Buster Keaton aux NULS en passant par les Monty Pythons ou les Marx Brothers, les dessins ou les sculptures convulsives d’Hélène Bleys enrayent
à coup d’organes les algorithmes qui régissent désormais nos vies et nos interactions. Car il s’agit bien ici du corps, dans son intime profondeur et ses vaines tentatives de lui définir un genre que l’artiste accumule nattes, intestins, muqueuses ... Pour ériger une barricade face à la linéarité d’un progrès trop lisse qui nous fait perdre de vue l’essentiel : de quoi sommes nous faits ? Certes, cette pensée matérialiste, faite de chair et avec ses tripes ne se résume pas à une leçon d’anatomie pour apprentis chirurgiens. Mais par effet de surenchère l’artiste rompt avec la production niaise et sucrée de l’industrie culturelle de masse, elle fait dérailler le train en provenance de La Ciotat dans un vacarme de rire aux éclats. MOOUUUAAAAHHH ! Comme une mauvaise blague qui dérangerait la bienséance, le travail d’Hélène Bleys n’en est pas moins appliqué, méticuleux et détaillé. Nourrie à la série B, le mauvais genre aurait entamé le sourire figé d’une jeune fille bien élevée, pour mieux faire éclater – de rire – les carcans dans les- quels on aurait trop voulu l’enfermer. Il est ici question de Plaisir, avec un grand « P », bruyant, le corps assumé et les entrailles à l’air. Gourmande et libertaire, l’artiste manie le trait précieux et raffiné d’une comtesse que l’on aurait conviée à diner avec Piccoli et Mastroianni à la table de Marco Ferreri. Si le rire a des vertus pour les traits du visage, cette exposition peut aussi s’appliquer comme une crème anti-rides, un retour à l’enfant qui nous somme de rester en éveil, de s’étonner et d’observer les dangers qui nous guettent. Le regard affuté et les grands yeux ouverts, attentifs au chaos du monde, l’artiste convoque nos premiers gestes : modeler, dessiner pour ainsi faire tomber les masques d’un art policé et d’une esthétique trop sophistiquée. Rien de tout cela ici, l’encre et la main suffisent à contenter un doux plaisir journalier, celui de traquer et représenter nos profondes perversions et nos travers quotidiens. Attentive au moindre détail, le trivial côtoie le précieux, le sordide ponctue l’ordinaire, et l’artiste nous rappelle si besoin la citation de Jeff Wall : « La peinture, au même titre que le dessin, fait partie de l’art à titre permanent, à cause de la nature de nos mains ».

 

Sébastien Gouju

« C’est avec l’emploi unique et épuré de l’encre de chine qu’Hélène Bleys fixe dans le temps des compositions figuratives instinctives où se dessine jour après jour une histoire trouble et intime semée d’indices et de signes souvent évocateurs. »

Marion Auburtin & Benjamin L. Aman, Extrait du catalogue de l’exposition «Action ou Vérité ?», Galerie NaMima, Nancy

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